Quel genre d'élève êtes-vous?
Celui que les professeurs apprécient, du moins pendant un temps. Je m'en impose tellement que je deviens parfois foutrement incertaine de ce que je sais et c'que j'ignore. Perfectionniste jusqu'à la moindre parcelle de mes notes de cours, j'me retrouve rarement dans la moyenne, menant assez souvent le bal, sans quoi j'suis rapidement hystérique. J'aime tellement ce que j'fais que j'refuse catégoriquement de ne pas me montrer à la hauteur. Rien que d'imaginer pouvoir louper un contrôle, j'ai une furieuse envie de gerber qui me chatouille la gorge. 

Que font vos parents?
J'ai été élevée par une mère qui en avait déjà plein les bras avec sa première fille. Puis élevée, merde, c'est un grand mot, je me suis pratiquement élevée toute seule. Heureusement qu'il y avait Maddie. Bref, mon père - que je ne connais pas - serait vraisemblablement un mec dans la marine qu'elle a rencontré lors de sa permission à Oahu. Il doit même ignorer jusqu'à mon existence, et grand bien lui fasse. Elle, bah elle fait ce qu'elle peut, c'est une écrivaine à deux balles qui joint les deux bouts grâce aux allocations du gouvernement et un job de serveuse dans un casse-croûte minable. Rien de grandiose ni de digne de mention, en fait. 

Pouvez-vous nous dire quelque chose sur votre famille?
Je crois que le terme dysfonctionnelle est le terme le plus pertinent pour qualifier la famille. En fait, elle se résume aux visites que je fais à ma grande sœur deux semaines par année. C'est avec elle que la notion de famille prend tout son sens, auprès de son fiancé et de la gamine qu'il a eu avec une ancienne conquête. Ma mère, sinon, c'est pas un monstre, elle est juste trop bornée à se terrer derrière des excuses pour tout pour fuir ses responsabilités. 

Racontez-nous une anecdote de votre vie.
Le fait le plus loquace qui peut décrire le pathétisme de l'instinct maternelle d'la femme qui m'a mis au monde, c'est qu'elle m'a oublié pendant tellement longtemps à la gare après un voyage avec l'école qu'on m'a refilé dans une famille d'accueil le temps de la retrouver. Je suis partie deux jours pendant un weekend et elle se trouve un peintre californien pour partir avec lui dans sa putain de Westfalia. Elle cherche un truc, de vivre quelque chose avec ce qui lui manque cruellement à l'intérieur, j'sais pas. C'est à partir de ce moment-là que ma soeur s'est mise à veiller scrupuleusement sur ma gueule. C'est un des pires et des meilleurs moments d'ma vie simultanément pour tout dire...

Parlez-nous de vos inspirations et de vos ambitions? Pour quoi vous levez-vous chaque matin? Qui désirez-vous devenir ? 
Rien n'est prévu d'avance, tout est trop foutrement éphémère pour commencer à imaginer c'qu'on compte faire dans un mois, un an ou dans cinq. Si je n'en faisais qu'à ma tête et que j'avais des moyens illimités, je ferais que cumuler les certificats. M'enfin, j'compte simplement ramasser de la thunes en bossant quelque part avec mon diplôme, vivre la vie chaque jour et choisir le cap de mon existence à toutes les occasions possibles et imaginables. Sans être importante, j'veux pas être une minable, et plus qu'tout, je veux être indépendante de tout, point barre.

Vous avez sûrement entendu parler de Virtus Vincit. Qu'en pensez-vous? Et jusqu'à où êtes-vous prêt à aller ?
Ça me fout en l'air de ne pas pouvoir connaître ce qu'est ce truc étrange, mais l'pire c'est d'être mise à part, de faire partie de la masse qui ignore jusqu'à leur nombre et leur réalité. Je sais pas, ça me parle, pas à n'importe quel prix, j'aime trop mes potes pour débrancher pour une bande de gamins en costards Armani ou un truc du genre. Je serais pas contre quelques caps toutefois, j'crois que ça pourrait mettre un peu de piquant dans l'quotidien de Stanford quoi.

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