« Noam à trois heures. Je te laisse » Livres collés à ma poitrine, je fronce les sourcils et regarde mon avis partir. Je tourne la tête et vois Noam arrive au loin. Je soupire et tente d'accélérer le pas pour qu'il ne me voit pas. Les toilettes des filles sont à deux mètres, je peux le faire avant d'alerter toute la faculté. Je suis plutôt calme comme fille alors courir n'est pas forcément mon truc. Je sens un bras se poser sur mon épaule et grogne. Je tourne la tête et vois Noam. Crétine. J'aurais du courir, accélérer réellement le temps pour qu'il ne m'attrape pas au chemin. Le jeune Fitzgerald et moi, ce n'est pas trop ça. Je ne le supporte pas et devoir faire avec lui au club de théâtre est assez douloureux pour moi. J'arrive au niveau des toilettes pour fille et le dévisage.
« Bon tu m'excuses mais là tu vas devoir me lâcher. Je sais que t'es un pervers mais tout de même » Je lui adresse un léger sourire et me dégage de son étreinte. Je pousse la porte des toilettes et me tourne vers le jeune homme.
« Noam ? » Un large sourire se dessine sur son visage. Les résultats viennent de tomber et le jeune brun va se retrouver dans ma promotion l'année prochaine. Ce n'est pas vraiment un problème pour moi. Il est bête comme ses pieds alors ça ne sera pas difficile de l'écraser. Seulement, je n'ai pas envie de l'attaquer sur ça. C'est trop facile, trop simple.
« Tu n'écoutes jamais ce qu'on te dit ? Les décolletés c'est pour les femmes ou les gays. En plus, franchement, un haut aussi moulant qu'est-ce que tu veux montrer ? Tes muscles inexistants ? Profite de l'été pour te muscler ! Et pas que les abdos » Je lui adresse un léger clin d'oeil et pénètre définitivement dans les toilettes, laissant la porte battante se fermer derrière moi. Je ris légèrement. Il n'a pas du tout comprendre à ce que je viens de lui dire, ou peut être que si.
* * *
« Lately i've been, i've been loosing sleep, dreaming about the things that we could be » Debout dans ma chambre, je commençais à ranger mes affaires. J'allais quitter l'Angleterre pour retourner aux Etats-Unis. La rentrée était dans une petite semaine et je n'avais pas encore finalisé mon inscription à Stanford. J'avais pris du retard cette année et je m'en voulais presque. J'allais stresser jusqu'à ce que l'administration me confirme que c'était tout, que tout était bon et que j'allais entrer en quatrième année de psychologie. Cette année, j'allais obtenir mon bachelor et je comptais bien l'avoir en tant que major de promotion. J'allais devoir passer encore plus de temps à travailler mais cela ne me faisait pas peur, loin de là même. J'avais passé mon été à lire des bouquins et à faire un nombre incalculable de fiches de lecture pour ne surtout pas avoir de retard sur les cours ! Sans compter que j'avais envie de m'investir encore plus dans le club de théâtre et si j'avais trop de devoirs, je n'allais pas pouvoir le faire. Pour le moment, je dois finir ma valise et profiter de ma dernière journée avec ma famille ! Dans le reflet du miroir qui se trouve près de mon placard, je croise le regard de mon petit frère complètement mort de rire. Du haut de ses quatre ans, Manuel est mon petit bout de chou, mon soleil et le voir comme ça me fait chaud au cœur.
« Qu'est-ce que t'as Many ? Tu as encore fait une bêtise ? » Il est bien moins sage que je ne pouvais l'être pendant mon enfance. Lui adore faire tourner mes parents en bourriques. Il me sourit et secoue la tête de droite à gauche avant de courir et de se jeter dans mes jambes. Je fais un pas en arrière pour retrouver mon équilibre mais finit par marcher sur une paire de baskets et je tombe sur mon lit.
« Many ! Ca va pas la tête on aurait pu se faire mal ! » Lançais-je en tentant de faire un regard menaçant. Manque de bol, il se mit à rire, me grimpa sur le ventre et commença à me chatouiller. Je le soulève et fais de même avec lui. On pleure de rire tous les deux et j'ai même du mal à respirer.
« Many stooop ! » Beuglais-je en me tordant de rire dans tous les sens. Tout ça allait me manquer. J'avais beau adorer étudier dans l'une des meilleures universités du monde, ma famille allait me manquer. Je savais qu'ils allaient venir passer quelques jours en Californie sous peu mais les quitter après deux mois était quand même plutôt difficile pour moi. Me relevant, je tente de me recoiffer et vois mes parents, hilares, sur le pas de la porte.
« Many on t'a déjà dit de ne pas embêter ta sœur. Elle doit finir ses valises avant de partir demain » Mon petit frère fait une mine triste et me prend dans ses bras. Il va me manquer, il n'y a pas à dire. J'aimerais tellement le prendre avec moi dans ma valise mais c'est impossible. Et puis, lui aussi reprend bientôt l'école et ça va lui faire le plus grand des biens ! Retrouver ses copains, jouer à des jeux de son âge et ne plus être obligé de porter un costume lors des repas d'affaires de papa et maman. Il va pouvoir reprendre sa vie de gamin et ça me fait plaisir. Et puis, on pourra toujours se parler via skype comme on le fait depuis quatre ans !
« Tu vas me manquer Leyley ! » Lance mon petit frère alors que je le soulève et le porte comme un bébé. Quand ma mère tente de faire ça, il hurle la mort mais avec moi, c'est tout autre chose. J'embrasse son front avant de lui faire un clin d'oeil et de le poser sur le sol.
« Tu vas me manquer aussi Many mais on se parlera souvent ! Et puis on ira fêter Noël au Brésil chez mamie tous ensemble ! » On avait déjà passé notre mois de juin au Brésil et ça avait été la fête toute la journée ! Avec la coupe du Monde, Many avait vu des tas de choses là haut !
« Mais tu vas vite m'oublier quand je serais partie toi ! Et puis tu vas raconter ton voyage au Brésil à tous tes copains ! » Je lui souris et le vois quitter ma chambre. Je soupire légèrement et le vois réapparaître quelques secondes plus tard.
« Toi tu vas aussi tout raconter à tes copains ! Surtout à ton amoureux ! » Je regarde mon frère et fronce les sourcils. Je n'ai pas d'amoureux et mes amis se comptent sur les doigts d'une main. Le petit monstre part en courant dans les escaliers et je me penche par dessus la rembarre pour le voir filer dans le jardin. Mon amoureux ? Mais qui lui a mis cette idée dans la tête ? Je n'ai pas de petit ami et ne suis pas prête d'en avoir. Je trouve que la plus part des garçons de Stanford sont vides, faux et sans couleurs. Un écervelé aux corps de Dieu grec ou un binocle au cerveau sur développé. Tout cela était très cliché mais pourtant c'était la vérité. Il y avait bien des jeunes en dehors de la ville mais je n'avais pas de temps pour cela, absolument pas...
* * *
Debout devant les tapis, je soupire. Cela doit faire vingt minutes que mon avion a atterri et j'attends encore mes valises. Je n'ai qu'une envie : rentrer à l'université, prendre une bonne douche et dormir. Il fait une chaleur à crever et le voyage depuis Londres a été plutôt long. Je glisse mes yeux sur la salle de débarquement et vois une amie au loin. Elle aussi est rentrée chez elle pour les vacances. Cela fait donc trois mois que je ne l'ai pas vu ! Je lui fais de grands signes avant de m'approcher d'elle.
« Linaaaa ! Ça va ma belle ? » Elle me prend dans ses bras et me répond rapidement.
« Ca va et toi ? Tu as passé de bonnes vacances alors ? » Je souris et acquiesce rapidement. Au loin je vois ma valise et saute dessus. La deuxième arrive quelques secondes après. Je me tourne vers elle, un large sourire sur le visage.
« Superbes vacances ! Un mois à Rio de Janeiro et un mois à Londres ! Franchement, on ne peut pas demander mieux ! » Eh oui, deux mois de vacances loin de l'agitation californienne. J'avais beaucoup de chance et ça, j'en étais consciente.
« Mais je te raconterais ça à la fac. On partage un taxi ma belle ? » Avec nos valises ça n'allait pas être facile mais je n'avais pas peur. Les taxis du coin avaient l'habitude de voir des étudiants avec des tonnes de valises à cette époque de l'année. Elle acquiesce et nous sortons rapidement de l'aéroport. L'air chaud de la Californie me fouette le visage et je souris.
« Prête pour cette année de bachelor ma belle ? Prête à supporter Noam ? » Je la regarde et fronce les sourcils. Merde. Je l'avais presque oublié celui là ! Oui, presque.