La première de la classe, l'intello, la chouchou des professeurs, celle qui a sauté une classe et qui n'a pas vraiment d'amis. On peut dire que j'ai été ce genre d'élève modèle pendant très longtemps, mais jamais par choix ou par réelle ambition. Mon père ne supportait pas l'échec, je me devais d'être la meilleure et cela d'autant plus du fait que j'étais une fille. La seule de la famille qui plus est ! J'ai donc été l'étudiante parfaite et j'ai fini par m'habituer à ce rythme et à avoir le goût d'apprendre. Cependant, je suis beaucoup plus moi-même depuis mon entrée à l'université alors peut-on encore dire que je suis la première de la classe et que les professeurs m'adorent ? Je ne pense pas, même si les études restent ma priorité.
Ma mère était professeur de langues étrangères dans un lycée privé, mais elle a plus ou moins pété un plomb lors du divorce. Du coup elle est actuellement en année sabbatique ou je ne sais quoi, elle voudrait partir en mission humanitaire. Mon père voudrait carrément la faire enfermer, mais c'est son désir de tout contrôler qui le rend comme ça. Pas étonnant qu'il soit donc juge et il voudrait devenir maire un jour. Je ne cherche plus vraiment à entrer en contact avec mes parents depuis que je suis partie étudier à Stanford de toutes façons.
Ils sont fous, complètement fous. Je ne prétend pas être un exemple de normalité mais je me considère toujours plus humaine qu'eux. Ma mère a toujours eu un gros problème d'estime et - a contrario - mon père possède un égo assez énorme. Ca a toujours donné lieu à des scènes assez étranges à la maison mais mes quatre grands frères ont toujours essayé de me protéger de leurs crises. Je suis donc la dernière d'une lignée de quatre garçons. Quatre mecs qui n'ont pas vraiment choisi le chemin que notre père voulait pour eux, à savoir le droit. Moi non plus au final, mais j'ai tout de même été sa petite fille modèle pour compenser le fait … bah d'être une fille justement. A la maison ça a toujours été plutôt mouvementé, jusqu'à ce que mes parents divorcent six mois avant que j'entre à l'université. Je n'ai plus vraiment de contact avec eux : ma mère doit encore être en train de se remettre du divorce et mon père refuse de me voir et de m'aider à financer mes études pour avoir pris le chemin de la physique. Mes grands frères font leur vie. On peut dire que je suis plus ou moins toute seule depuis quatre ans, mais ce n'est pas vraiment une mauvaise chose.
Mon père a toujours tout fait pour que je réussisse dans la vie et que je sois une fille exemplaire, digne de son patronyme « pas comme tes crétins de frères » comme il me disait. Du coup, je crois que je me souviendrais toujours du jour où j'ai senti la déception dans son regard. Je devais avoir quatorze ans et j'avais déjà une étrange fascination pour le feu. Je m'amusais à brûler tout ce qui traînait dès que j'étais toute seule. Un jour, j'ai trouvé une souris morte sur la route et j'ai pas pu m'empêcher d'essayer. Mon père m'a surprise en train de regarder le corps de l'animal se décimer sous la chaleur, il a eu un mouvement de recul puis il a regardé autour de lui. Il m'a alors demandé calmement de rentrer avant d'appeler un psychologue. Il n'y a jamais eu d'interrogations, d'engueulades, d'explications. Juste une profonde ignorance sur le sujet, comme si rien ne s'était passé. Je crois qu'au fond, il a comprit à ce moment-là que je faisais vraiment partie des Einarsson : moi aussi j'avais mon côté détraqué.
Surpasser mon père, lui prouver qu'il a eu tort et qu'on peut s'en sortir dans la vie sans avoir fait du droit. Je pense que c'est ma motivation première parce qu'au fond, je m'en fiche un peu de la physique – médicale ou pas. C'est pas vraiment ce que je préfère, je suis pas passionnée, ça me plaît mais c'est tout. Je veux juste être autre chose que mes parents, prendre un chemin radicalement différent. J'ai pas envie d'être la fille de, je veux être celle qui a réussi dans sa propre voie. Je veux être celle qui a apporté quelque chose au monde idéalement. J'aurai adoré faire médecine, mais j'ai une peur terrible du sang. La physique médicale m'a donc parut une bonne alternative. Du coup, j'espère me lever un jour en me disant que je suis autre chose qu'un juge pédant ou qu'une professeur dépressive. C'est déjà une bonne ambition pour l'ancienne petite fille à papa que j'étais !
C'est sans doute débile à dire, mais pour moi c'est comme un échappatoire – ou plutôt une justification. Ca me donne une excuse à moi-même pour faire des choses complètement folles que j'aurai jamais osé faire avant. Ca soulage ma conscience pour ainsi dire et ça me permet de me dépasser. Je me rends compte que je suis une fille finalement assez compétitive et ça ne m'étonnerai pas vraiment d'aller très très loin dans ses défis. Pour le plaisir, juste comme ça. Pour être une autre personne que celle que j'ai été. Après je sais pas si c'est vraiment une bonne chose de les avoir à Stanford, après tout ça reste une université très réputée et ça pourrai avoir des conséquences désastreuses. Mais bon, après tout on est grands non ?
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