(+) moses
flowers and pearls and pretty girls
Love is like an energy, rushin' rushin' inside of me.
Il y avait ces millions de lumières qui pétillaient là, sous mes yeux. Oh elles dansaient comme personne, s'extasiant de la moindre noirceur pour bousiller un peu plus la moindre quiétude qui aurait pu régner en ces lieux. J'aimais ça moi, naïve, le bruit de la ville, les voitures défilant sous mes prunelles émeraudes, et l'odeur insoutenable de l'essence. C'était ma vie. Oui, j'avais toujours plus ou moins vécu dans ses conditions. Alors forcément, lorsqu'il s'agissait d'objectivité pure et dure, il fallait bien concevoir que je n'étais pas la mieux placée. Mes talons claquaient contre le sol, un deux, un deux, comme une armée s'avançant vers un champ de bataille. Ce que j'allais chercher était pourtant tout autre, ça oui. Mon manteau ceinturant mes épaules, mes mèches s'envolaient le long de mon dos, à la moindre brise, la moindre souplesse. Je n'avais du me couper les cheveux d'une fois dans ma vie, et clairement, ça n'était pas prêt de se reproduire. Les gens eux, ils étaient toujours émerveillés par cette longueur, comme si il s'agissait de quelque chose de surnaturel. Mais ça n'était pas le cas, non, j'étais peut-être même plus humaine que n'importe lequel d'entre eux. Ma jupe d'été s'évadait le long de mes jambes dénudées, tandis que j'apercevais maintenant le starbuck's coffee, lieu de rendez-vous. Ça devait bien faire deux jours que je n'avais pas vu mon frère, quarante huit heures insoutenable. Oh, je vous voyais déjà venir, avec votre air narquois, mais Moses, c'était tout ma vie. Alors, j'avais fini par pousser la porte, un tintement retentissant pour signaler mon entrée. Nombre de places étaient déjà prises, et pourtant, je savais que je ne tarderais pas à trouver mon bonheur. Là, quelques tables plus loin, une moue angélique soulignée par une tignasse brune. Ça ne pouvait être que lui. Mon pas se pressait presque, alors qu'un sourire s'esquissait maintenant sur mon visage. C'était toujours ainsi, oui. « Je sais, tu ne m'attendais plus. » pourtant, j'étais toujours ponctuelle, et ne loupais jamais un seul rendez-vous. Mais il le savait bien, il connaissait mes habitudes, j'avais toujours le don de me faire attendre, même auprès de mon propre frère. Il y avait des choses que l'on ne pouvait simplement pas changer. Déposant deux baiser sur les joues du garçon, j'avais étendu mon manteau sur le dossier de ma chaise avant de m'asseoir, croisant mes jambes tout en faisant signe à la serveuse de me commander la même chose que mon frangin. Nous avions presque les mêmes goûts, hm. « Alors, qu'est ce que tu me racontes ? Dis moi que tu comptes te plaindre de miss-cure-dent, j'ai vraiment besoin de me détendre. » Oh oui, j'étais bel et bien entrain de parler de sa pseudo copine. De toute façon, il savait à quel point je la portais dans mon coeur, hm.  

aujourd’hui, là, maintenant, tout de suite, va être le moment le plus important de ma journée, de ma semaine, même. le plus important et la plus attendu. je trépigne presque d’impatience. il passe même devant mon moment passé avec moija. il passe devant tout, absolument tout, parce qu’aujourd’hui, là, maintenant, tout de suite, j’ai rendez-vous avec vi, et ça, rien ne l’égale. rien n’a d’importance quand des moments comme ça arrivent. rien, rien d’autre. j’ai beau avoir passé de bons moments cette semaine déjà, ils n’atteindront jamais un quart du moment que je suis sur le point de passer. et durant des heures encore je pourrais faire l’éloge de ce rendez-vous pas encore produit. au point même d’en oublier que je l’attends là, assis à cette table qui deviendra notre quelques temps, futur emblème de notre majesté, le menton perdu dans la paume de ma main, les yeux balayant la pièce furtivement à sa recherche, à l’espoir qu’elle apparaisse subitement, comme par magie, ce qui ne tarde pas à arriver, finalement. je relève mes yeux un instant et la voilà qui pousse la porte, plus belle que jamais. je relève la tête pour me tenir droit, un immense sourire aux lèvres. « je sais, tu ne m’attendais plus. » elle pose ses lèvres à mes joues et je me contente de sourire, encore. je ne dirais rien, jamais rien quant à ses retards, sa façon de me faire attendre, parce qu’elle sera toujours pardonnée. même si elle venait à m’oublier, à me laisser en plan, je fermerais les yeux et la pardonnerais d’un grand sourire. parce que vi, c’est comme ça, je ne peux pas rester à lui en vouloir. peu importe toute la rancune que je peux contenir envers une quelconque personne, vi n’est pas une quelconque personne, et je suis tout bonnement incapable d’avoir de la rancune après elle. je suis incapable d’avoir un autre sentiment que de l’amour pour elle, ma vi(e). elle s’installe face à moi et je reste un instant à la regarder, la détailler, alors qu’elle fait signe à la serveuse. elle est belle et j’ai peur pour elle. j’ai constamment peur pour elle, peur qu’on lui fasse du mal, qu’on la brise, elle est fragile. et j’ai surtout peur qu’on me la vole. si j’étais un autre garçon, j’aimerais bien la voler. moi, je n’veux pas qu’on me la vole. « alors, qu'est ce que tu me racontes ? dis moi que tu comptes te plaindre de miss-cure-dent, j'ai vraiment besoin de me détendre. » je soupire brièvement, les sourcils légèrement froncés sans réel mécontentement convaincant. « victoria.. » victoria, c’est rare. victoria c’est uniquement quand elle m’agace. elle ne m’agace pratiquement jamais, ceci étant. et quand elle m’agace, ce n’est que très légèrement. ce n’est que pour mieux sourire après. victoria, c’est plus pour la réprimander. victoria c’est pour lui signaler qu’elle est peut-être allée trop loin, à cet instant, mais en lui rappelant que ça ne fait rien de toute façon, rien n’importe. « ça se passe plutôt bien en ce moment, j’ai pas à me plaindre, tout va bien. » j’hausse les épaules. tout va bien, du moins de ce que j’en sais. elle est restée avec moi, mais ça, c’est ce que j’en sais uniquement. et je n’sais pas tout. « pourquoi tu veux te détendre? ça n’va pas, vi? » et vi, c’est tout le reste du temps. vi c’est quand je souris. vi c’est quand je suis heureux, quand je suis malheureux. vi c’est quand je l’aime. et vi, je l’aime tout le temps.