nino, c'est la fille arc-en-ciel. c'est ainsi que tu la surnommes. une palette de couleur teint ses cheveux longs et bien que tu ne connaisses pas grand chose en l'art, tu trouves ça digne d'un grand tableau. comme si aussi, elle avait trempés ses cheveux dans des pots de peinture. un peu con ? après, c'est ton point de vue. poétique ou grotesque, on s'en fiche. tu l'as rencontré le jour où tu as prononcé ton discours devant les étudiants. pour récupérer ta place de capitaine de l'équipe de baseball. elle est passée après toi, livrant ainsi son speech à hauteur du tien sans doute pour être leader des artistes en herbe. tu as senti son regard sur toi, au moment de vous croiser. et puis vous avez discuté, cours un peu, tatouage surtout. elle t'a affirmé proposer ses services de temps en temps. tu lui as demandé de voir ça et conquis par son travail, l'idée de lui confier l'un de tes prochains projets te traversas l'esprit. rendez-vous aujourd'hui, dans sa chambre universitaire pour la séance. rien de bien compliqué, un rasoir ouvert à tatouer sur la main gauche. tu arrives à la résidence, croises plusieurs élèves, certains joueurs de baseball qui te saluent généreusement. quelques clins d'oeil, une discussion posée là, sur le seuil et puis quelques mètres encore, un étage et te voilà, la main abattue sur sa porte. tu attends qu'elle ouvre et passes une main dans tes cheveux. par réflexe.

encore les yeux tout embués de sommeil, je m'assois sur mon lit après avoir balancé mon portable dans un coin de ma chambre. la vibration de celui-ci avait réussi à me tirer de mes songes quelques minutes auparavant, si bien que mon être était toujours plongé dans une sorte d'atmosphère aussi douce qu'irréelle. il venait. dans dix minutes. peut-être plus. peut-être moins. j'en savais trop rien. il fallait juste que je me bouge, pour une fois. tu peux bien faire ça, au moins une fois dans ta vie, non? j'me disais. avec difficulté, je me lève puis une fois dans la salle de bain, je laisse tomber les quelques vêtements me recouvrant sur le sol pour entrer dans douche. dix minutes plus tard, j'étais sortie. j'avais pris ma mallette, l'avait disposée sur la table puis j'avais pris la peine de vérifier que rien ne manquait à l'intérieur. ce petit rituel avait toujours le même effet sur moi. j'avais l'impression de m'être égarée un instant et à chaque fois, je me retrouvais à la vue de l'encre et des aiguilles.
quelques coups plaqués contre la porte me rappelle à l'ordre puis, les cheveux encore mouillés, je tourne la poignée. un sourire se place sur mon visage, presque instantanément. salut ! je dis, peut-être un peu trop enthousiaste. entre.

la résidence universitaire est bien calme ce matin. il n'est pourtant pas très tôt, tu n'es pas venu à l'aube non plus. tu regardes ta montre et vois qu'il est dix heures. tu ne vois d'abord pas la porte qui commence à s'ouvrir mais tu l'entends. tu poses ton regard sur nino et puis lui rends son sourire. invité à entrer, tu passes la porte et puis elle se referme. salut ! tu marches un peu plus loin, de quelques pas puis inspectes sa chambre. alors, de bons souvenirs te reviennent et tu ris doucement. voyant qu'elle est seule, tu répliques : tu as une coloc ou pas du tout ? tu te permets de t'asseoir sur le rebord de son lit - et déplie le papier que tu as emporté. tiens le modèle. tu rappelles aussi que c'est sur la main gauche que tu le veux et puis tu attends un peu comme son jugement - bien qu'au fond, on s'en fiche un peu ; c'est bien toi qui a décidé de faire un rasoir ouvert. après tout. non mais, surtout tu attends de savoir en fonction du prix. pas que ce soit dérangeant, c'est un détail.
tu l'as regarde et te demandes si elle a déjà eu des échos concernant son discours de l'autre jour, comment ça peut se présenter pour elle, en prévision des prochains votes. tu regardes son matos et apprécie la propreté qui en découle. te relevant, tu vires ta veste en cuire et la dépose sur le dossier d'une chaise.