tu as bien eu de la chance ce matin. ce n'est pas ton réveil qui t'a fait ouvrir les yeux mais la douceur du soleil. tu aimes ces matins comme celui-ci, quand tu n'as pas besoin de te presser. un fin sourire s'était dessiné sur ton visage. tu avais repoussé la couverture pour laisser ton torse profiter de ces rayons délicieux. tu avais refermé les yeux, pensant d'assoupir encore une petite demi-heure étant donné qu'il était simplement six-heures du matin. tu avais rendez-vous à l'amphithéâtre pour le discours solennel de l'équipe pédagogique. pas de quoi se presser, tu serais à l'heure, pas comme l'année dernière où tu avais eu un quart d'heure de retard. tu n'avais pas été fier d'ailleurs. discrètement assis mais facilement repérable par le Monsieur le Directeur qui t'avait regardé du coin de l'oeil.

tu ouvres une nouvelle fois les yeux et un mouvement de panique prend soudain part de toi. comme un pressentiment. une injure s'échappe de tes lèvres et tu envoi piètre ta couverture après un rapide coup d'oeil à ton portable. il te restait un quart d'heure pour te préparer, filer jusqu'à l'université. première douche chrono de l'année, cinq minutes à peine tu te coiffes rapidement devant ton miroir plein pied, ajuste ton tee-shirt et remonte à la braquette de ton jeans. ce n'est pas ce matin que tu prendrais un petit déjeuner, toi qui aime tant ce moment de la journée. pour aller plus vite, tu prends ton skate et dévales les rues jusqu'au campus de stanford. cela grouille de vie, ça t'avait manqué de pas voir ces allées pleines d'étudiants, ces routes de voitures, ce parking bondé. tu roules jusqu'à l'amphithéâtre. il te reste cinq minutes et quand tu arrives, les portes sont déjà fermées. tu prends ton skate sous le bras et entres doucement. un regard vers l'estrade, ils ne sont pas encore en place. les étudiants terminent de s'installer. d'un rapide coup d'oeil tu essayes de repérer des gens que tu connais mais sans succès alors sans perdre plus de temps, tu te cherches une place. ton regard se pose sur une chaise vide, pressant le pas tu la rejoins et te laisse tomber dessus sans retenir un soupir de soulagement. quelqu'un te parle : c'est sage. tu souris alors content de la voir après ces vacances. ton regard attiré par sa jolie robe à fleurs tu lui réponds en approchant ta bouche près de son oreille. fallait bien que je me rattrapes de l'année dernière. tu t'écartes alors et rajoutes : j'ai vu que tu postulais pour le poste de présidente des students for choice.

La surprise de sentir son souffle près de ton visage te fait frissonner. Le visage toujours tourné vers l’estrade situé plus bas, tu souris de sa remarque tandis qu’il poursuit sur quelque chose de plus banal, tu hoches la tête et ouvre la bouche pour prononcer. « Et toi pour être à nouveau capitaine de l’équipe de baseball masculin. » Tu prolonge ton sourire, River c’est le genre de mec qui vit plus pour l’amour de son sport que pour ses études, tellement passionné qu’il en devient terriblement attirant. A tel point que tu as pris pour habitude de ne louper aucun de ses matchs, c’est dans ces instants là qu’il est le plus désirable, le plus beau. Parce que oui entre River et toi ce n’est pas une vraiment une amitié au sens pure du terme, au fur et à mesure des rencontres, des sorties une sorte de jeu, de désir s’est installer. Vous avez ce besoin presque primaire dès que vous vous retrouvez l’un à côté de l’autre, de vous tourner autour, de vous toucher, de vous défier. Vous n’avez jamais sauté le pas, car malgré ce jeu Leho est toujours là bien présent dans un petit coin de ta tête et la fidélité de tu portes à vos ébats et toujours belle et bien là mais parfois dans de rare occasion tu l’oublies, tu oublies cette foutu loyauté pour ne plus penser qu’à l’instant présent. Tu le sais River est le seule homme qui pourrait te faire craquer, il te plait, trop peut-être mais tu n’as jamais pris tes distances, tu es joueuse et tu aimes jouer avec tes propres limites. Ton regard quitte le corps enseignant qui se presse pour venir se poser sur River, tu le détailles, ses cheveux bruns en bataille, les traits de ce visage qui t’attire tellement. « Et tes vacances dans tout ça ? » Autour de vous le silence s’installe, tu jettes un rapide coup d’œil à ce qui se trame en bas et remarque la présence du doyen. Tu es toujours légèrement impressionné mais tu sens l’excitation des premières années remonté jusqu’à ton niveau et leur laisse donc le plaisir de faire en sorte que le doyen se sente adulé.

tu décris son visage pendant que son regard reste posé sur l'estrade tout en bas. un sourire fend ses lèvres et tu les fixes quelques secondes avant de te mettre droit sur la chaise pour faire face à l'animation qui s'installe plus sérieusement. le discours ne va pas tarder à commencer. chaque année, le doyen use de son beau parlé pour promouvoir son université, lui donner une image qui lui va si bien. c'est ici que l'on excelle, que l'on peut croire en l'avenir, espérer trouver ce qu'on cherche. tu as toujours aimé cette cérémonie de début d'année, l'ambiance qui s'en dégage, la hâte et l'enthousiasme que tu ressens de la part des premières années si assidus buvant chaque mot. ça te rappelles de bons souvenirs, te rends même nostalgique et te fais prendre conscience que tu n'as pas tellement hâte de terminer l'université même si ton cursus ne t'a jamais plu. surtout que la fin approche. tu es pensif quelques secondes mais te raccroches bien vite à la présence de sage. posant ton coude sur la chaise qu'elle occupe, ton bras fini par se laisser aller complètement derrière son dos. et je compte bien le rester. tu n'attends que ça, pouvoir recoudre sur tes fringues de baseball, l'insigne indiquant ton statut de capitaine. tu t'humectes les lèvres avant de sourire fièrement. tu as bien hâte de te présenter aux étudiants, à prononcer ton discours que tu n'as pas travaillé mais dont tu sais déjà les mots. sage tourne la tête, te regarde. j'suis parti quelques semaines en france. autrement j'ai retrouvé mon frère. nahele s'est enfin décidé à ramener sa fraise. elle sait que ton petit frère s'est barré comme ça, pour faire le tour du monde. tu cherches d'ailleurs la petite tête parmi les autres. il y a du monde, c'est perdu d'avance. tu te laisses retomber sur ta chaise et repose ton bras, sagement sur ta jambe. le silence. le doyen s'apprête à parler et pourtant tu demandes à sage : et les tiennes ?

Au contact de son bras contre ton dos, tu retiens un frisson. Tu l’aimes cette sensation mais tu ne laisses rien paraître, tu ne fais pas partie de celles qui craquent pour une simple belle gueule et quelques paroles en l’air, il te faut plus que cela, plus que quelques simples gestes pour que tu puisses t’ouvrir à quelqu’un et aller plus loin.. Alors tu laisses faire, mais prends la liberté de d’appuyer un plus ton dos contre son bras. Sa petite répartie te fait esquisser un nouveau sourire tandis que tu prononces à demi-mots. « Aucun doute de ce côté-là. » Tu tournes à nouveau ton visage vers lui pour agrandir un peu plus le sourire présent au coin de tes lèvres. Votre conversation se poursuit, il te parle de ses vacances en France puis mentionne le retour de son petit frère Nahele, le fameux cousin germain de Christopher McCandless. Tu es heureuse pour lui, cette nouvelle t’enchantes et tu peux sentir l’excitation de River d’en parler. Tandis que le silence se fait de plus en plus présent autour de vous, l’homme en profite pour te retourner la question alors que tu sens son bras quitter ton dos. « Rien de bien exceptionnel, un retour à Seattle pour des vacances en famille. » Le doyen maintenant présent devant le micro donne quelques petits coups sur celui-ci avant de se racler la gorge pour commencer son élocution. Tu te concentres, boit ses paroles, tu es à chaque fois prise de la même passion, mais tu sors vite de ta petite bulle lorsque tu sens le regard du jeune homme te détailler, plus intensément, plus insistant. Tu le laisses faire tout en prononçant d’un ton ironique. « T’aimes ce que tu vois j’espère. »