ton premier jour de cours t'a épuisé. comme si tu avais perdu l'habitude : à peine assis que le programme t'est tombé comme ça, en plein dans la tronche, lourdement sur tes épaules. autour de toi, les étudiants soupirant par le poids du travail qui allait rythmer leurs prochaines nuits. il n'y avait pas de quoi souffler, tu t'en sortirai comme à chaque fois, avec un peu plus que la moyenne sans réellement forcé. ce matin tu avais beau maudire ton réveil assourdissant, à présent tu lui disais un grand merci. arrivé de bonne heure, presque même à l'avance, tu avais pu choisir une place au dernier rang. ainsi, tu échappais à cette haleine de chacal que ton professeur déferlait sur un périmètre dépassant les 3 mètres. sacrée bestiole ! tu te montrais décontracté mais au fond tu avais terriblement hâte que cette journée se termine. le coude sur le bureau, les jambes étalées, tu donnais l'impression de ne pas t'en faire. à ta vue, le professeur te regarda et te posa une question concernant un cours donné l'année dernière. comme pour te tester. sur ton visage, un air neutre et d'une voix claire tu répondais juste. comment boucler le bec en quelques secondes. amusé, l'enseignant annonça un devoir surprise, comme un crash test lâché sur des étudiants peu frais après deux mois de vacances à laisser leurs neurones griller au soleil.

véritablement, ton retour à l'appartement était un délice ! tu virais tes chaussures, les laissant près de l'entrée. t'es là ? ces mots à l'attention de ton frère, tu ne savais même pas s'il avait lui aussi terminé. c'est chiant de pas pouvoir te joindre. fais moi le plaisir de te racheter un téléphone ! tu espérais ne pas parler dans le vent et marcha jusqu'à la cuisine pour aller te chercher une bière dans le frigo.

T’es allé surfer ce matin, t’as même pas pris la peine de te pointer à tes heures de cours. En fait, tu as carrément oublié que tu avais cours. Pourtant River t’en a parlé hier soir de ces putains de cours. Médecine par ci, médecine par là. Tu crois que ton cerveau a décrocher à un moment où un autre, tu ne sais plus. En tout cas, toi, t’as préféré redécouvrir les vagues douces et paisibles de San Francisco, une chose qui ne t’avais pas réellement manqué. Tu regrettes déjà la côté australienne. Tu as passé ta matinée sur la plage, après quelques rouleaux tu t’es assoupis quelques heures, assez longtemps pour que le soleil laisse des traces rougeâtre sur le haut de tes cuisses. Le seul endroit de ta peau qui aime prendre des coups de soleil visiblement à en voir ton teint halé quotidien. T’as repris un peu tes repères.
Maintenant t’es affalé sur le canapé de ton nouvel appartement. Avec  River vous avez décidez de vivre ensemble, histoire d’économiser sur certains frais. Certes, ton compte en banque et plus que plein, mais ce n’est pas une raison pour en faire n’importe quoi. Mais ton frère, lui, c’est une autre histoire. Ton père lui a coupé les vivres. Un mauvais temps à passer, tout ira mieux dans quelques années tu en es sûr. T’es en train de lire un bouquin complétement bousillé, il a pris l’eau de mer et le sable. C’est celui que tu te trimballes sur les routes, celui que tu peux lire sans arrêt. Ce sont des clés dans la serrure qui perturbe ton bien être, puis le son de la voix de River. Tu ne réponds pas, préférant lire encore quelques lignes de ton livre. c'est chiant de pas pouvoir te joindre. fais moi le plaisir de te racheter un téléphone ! à cette phrase tu ricanes. Il est vrai que ton téléphone est quelques part entre la nouvelle zélande et l’australie. Mais tu n’es pas pressé d’en retrouver un. Tu te lèves d’un bon, et file vers le frigo tu croises River sur ton passage. peut-être, un jour. Tu sais bien que je n’aime pas ça. t’attrape une bouteille d’eau fraiche. ta journée ? lui demandes-tu d’un air peu intéressé comme à tes habitudes. Tu t’assois sur le bar, tes pieds pendent dans le vide, tes pensées sont ailleurs.

c'est vrai, tu l'as appelé au moins une dizaine de fois aujourd'hui. tu tombes sans cesse sur le fameux robot qui te rappelle que ce numéro n'est pas attribué et pourtant, comme un réflexe tu compose son numéro. pas besoin de chercher sa tronche d'enfant dans ton répertoire, tu le connais sur le bout des doigts son numéro. quel abruti quand même t'avoir balancé son cellulaire après son départ. tu t'en ai fait du soucis pendant tout ce temps tiens. et puis votre mère se rongeait bien les ongles à l'attente d'une nouvelle carte postale. tu l'as pas mal de fois réconforté mais tu pouvais pas en vouloir à ton petit frère. il avait osé se barrer, qu'importe l'avis du paternel. c'était une belle façon de lui faire comprendre que c'était un salaup. nahele, tu l'as toujours apprécié pour son côté rebelle, ses habitudes à prendre le monde comme il vient sans se poser de questions. tu pourrais faire pareil mais pourtant, tu te retrouves depuis six ans à faire des études que tu détestes, à prendre plaisir sur un terrain de baseball ou sur les vagues pour oublier ta vie que tu prives de plaisirs purs. t'es un abruti un peu river. tu le sais ça ?
tu entends nahele ricaner, ça te fait pincer tes lèvres avant de boire une bonne gorgée de ta bière. tu finis par croiser sa tête frisée. qu'est-ce qu'il t'a manqué ! je vais t'harceler jusqu'au bout ! tu ris doucement. barbante ! je t'ai pas vu, t'es allé en cours ? tu supposes que non. à côté de ta collection de planches de surf, tu passes ta paume sur l'une d'elles et poses tes yeux sur nahele. ça fait longtemps. on se refait ça quand ?