⊰ oh the boy's a slag,
the best you ever had is just a memory.
--- zahra & clay ---
Il est 14 heures. Enfin bientôt. Rien à faire, depuis ce matin, j'arrive pas à me détacher de ma partie. En grande appel vocal sur skype avec d'autres joueurs, je n'avais même pas vu le temps passer, sauf à onze heures trente-quatre, heure à laquelle mon estomac se manifesta. « Couvrez-moi les gars. Mais non, pas par là, ils vont nous retrouver. Vous êtes pas futés, c'pas poss. Suivez-moi je sais aussi. J'ai déjà fait du 20-14 dans ce mode, alors ouais j'me débrouille. Putain, ils sont là ! J'ai plus de mana, merde ! La grosse merde. Bon, on va essayer de faire un travail d'équipe, hein ? C'est bon, c'est bon. Tiens, dans sa gueule. Hum... il en reste combien ? J'me charge de lui, ouaip. Ok. Agrh. Yay ! C'est bon... Bon débarras. On continue, suivez-moi... Enfin non, attendez... » Le téléphone vibre à côté et vu qu'il est posé sur la table basse, ça fait un bruit infernal. Style marteau-piqueur. Si, j'vous le jure. En plus de son nom qui s'affiche, y'a cette petite icône à côté où elle a un grand sourire. Ça me rend toujours très fragile cette photo parce qu'elle est magnifique. Genre vraiment. Magnifique, d'une beauté pas comme les autres, dont on a pas d'habitude et qui nous éblouit dès qu'on la rencontre. Tu vois ? J'sais pas, c'était pas tout de suite l'étincelle ou le coup de foudre quand on s'est rencontrés mais c'était cool, même si elle était triste et tout, elle était jolie. « Les mecs, j'suis au téléphone, j'arrive. Ouais, Zahra ? Bah oui, pourquoi ? Non, pas vraiment. D'accord alors, ok, ça me va. Bye. » C'est assez court et sobre, je raccroche le premier. C'est pas de ma faute mais quand j'suis au téléphone, c'est le malaise. Alors j'essaye de pas m'éterniser. C'est limite une torture que de me retrouver à devoir parler avec quelqu'un via un portable. J'ai beau comprendre par quel procédé ça marche, j'reste persuadé qu'il y a une sorte de sorcellerie aka incantations et enchantements quelconque sous la fabrication d'un téléphone. Elle m'a donné rendez-vous à Palo Alto et tout de suite, j'suis curieux de savoir pourquoi. J'ai pas vraiment l'habitude d'y aller, elle aurait pu choisir le campus. M'enfin bref, pas vraiment pressé, je finis la partie plus par devoir (histoire de ne pas recevoir un avertissement par les modos, on n'a pas le droit d'arrêter en pleine mission à plusieurs) que par plaisir. A la fin, je salue vite fait les autres joueurs et éteins l'ordinateur. Tout et n'importe quoi traversent les méandres de mes pensées sur le chemin. Maintenant que j'me suis un peu éloigné de Stanford, faut que j'essaye de me repérer. J'vais pas si souvent que ça à Palo Alto. Non, bon ok, j'suis pas le meilleur en orientation. Ok, c'est bon. J'suis vraiment mauvais. Mais bon, ça va. J'ai une bonne mémoire qui me sauve beaucoup la vie et l'opération de repérage de l'individu Zahra Ibanez est activée. Puis, je sens des mains venir couvrir mes yeux. C'aurait pu être une énigme difficile mais son rire la trahit. « C'est qui ? Lisa ? Daisy ? » J'aime bien jouer l'idiot mais rien que pour taquiner les filles. Je prends l'initiative de prendre ses mains et de les éloigner de mon visage. Elle se tient là, toute souriante. Et un sourire amusé m'échappe. « Arf, dommage. C'est que toi. » J'hausse les épaules. « Comment ça va ? » Je souris un peu plus encore. « Eh, boude pas, c'était une blague. Tu sais bien que tu es la seule femme de ma vie. C'est qui illumine ma vie, mes jours, mes nuits. » Je la pousse légèrement avant de lui lancer un clin d'oeil.