Tu t’es réveillé à l’heure, ce matin. Bon, t’as juste appuyé sur le bouton « snooze » de ton téléphone une fois, mais c’est pas mal. D’habitude, tu l’éteins direct, et t’attends que Cassie vienne te réveiller en sautant sur toi, ou en venant se caler dans tes bras. Mais aujourd’hui, c’est différent. Tu t’es levé du bon pied, t’as enfilé ton short et ton débardeur. T’as enfoncé tes écouteurs dans tes oreilles. Et t’es parti, tes baskets aux pieds. Comme tous les matins, t’as fait ton footing, parce que t’en as besoin, parce que c’est un rituel. Si tu cours pas, tu t’sens pas bien le reste de la journée, et même avec une gueule de bois, t’enfiles tes chaussures de course. Souvent, tes amis te demandent comment tu fais, pour être toujours au taquet. Et tu leur réponds que tu trouves ça normal, et à chaque fois, tu leur proposes de venir avec toi, avant qu’il ne te rigole à la gueule. Après tout, pourquoi voudraient-ils se réveiller plus tôt pour affronter la fraicheur de la brise matinale et s’arrachant les poumons, alors qu’ils peuvent rester au chaud sous leurs draps, et profiter d’un sommeil plus long.

T’as couru un peu plus que d’habitude. T’as pas vu le temps passé, en chantant trop fort les morceaux qui défilaient sur ton Ipod. On a dû te prendre pour un fou, encore. Mais toi, t’en as rien à faire, tant que tu t’sens bien. Et finalement, t’as fait une boucle, revenant jusqu’à ton appartement pour te glisser sous la douche afin de te préparer pour aller au speech de pré-rentrée. Mais c’est en rentrant dans l’amphithéâtre que tu remarques que le discours a déjà commencé, et tu t’sens bien con. Tu files alors très rapidement à la place que vous squattez tout le temps avec West et Cassie, mais bizarrement, la demoiselle manque à l’appel aussi. Pourtant, elle n’était pas à l’appart. « J’ai loupé beaucoup ? », chuchotes-tu à l’attention de ton ami qui gribouillait sur un de ses cahiers. Tu t’installes sur ta chaise, et tu manques de tomber, n’ayant pas descendu le siège jusqu’au bout. « Putain, discrétion zéro, quoi ! » Tu marmonnes dans ta barbe, plus pour toi-même que pour partager ça avec les personnes qui t’entourent. Et en même temps que tu sors tes affaires, tu reprends la parole, assez discrètement. « Cassie est pas là ? Elle était pas à l’appart quand j’suis rentré du footing ! Hier soir, elle est partie chez Cook, elle est venue dans ma piaule avant d’partir, elle m’a choppé en pleine baise. D’ailleurs, ce week end, t’as pécho quand j’ai bougé ou pas alors ?! »

T’es encore en retard. Les cours n’ont même pas encore commencé, et tu trouves le moyen de ne pas te pointer à l’heure. Tu commences sur les chapeaux de roues, dis donc. Mais t’es là, quand même. T’as pas oublié de te pointer, c’est déjà bien. Pas que ce truc soit bien important de toute manière, mais tu voulais être là pour savoir ce qui allait se dire, et à quel point les profs allaient vous torturer à nouveau cette année. West, lui, est déjà là, mais la troisième place qui est normalement occupée par ta colocataire et, elle, vide. Tu fronces un peu les sourcils, parce que ça te surprend. Cassie, elle est un peu plus sérieuse que toi quand il s’agit des cours, et t’imaginais pas qu’elle pourrait manquer cette réunion de pré-rentrée. Puis tu t’es rappelé qu’elle était partie chez Louis, et ils ont dû oublier de se réveiller, ceux-là. Ils ont même dû se coucher très tard, les connaissant. En tout cas, toi, tu viens de poser ton cul sur ton siège, non pas sans discrétion, et t’es prêt à prendre des notes sur ce qui se raconte par les professeurs. Enfin, d’abord, tu comptes bien discuter avec un de tes meilleurs amis. Mais c’est lui qui te demande si t’as pris quelque chose avant de venir. Et pour une fois, non, t’es complètement net. Ton hyperactivité porte quand même à confusion, et tu comprends bien pourquoi il t’a posé la question. Soit. « Putain, j’aimerai, ce truc a l’air bien chiant en plus. J’aurais pas dit non à voir des licornes à côté du prof, perso ! », ironises-tu avec un sourire, alors que ton regard parcourt la salle pour voir s’il y a des têtes en moins, mais surtout, des têtes en plus. En attendant, tu poses un tas de questions à ton ami, laissant ta curiosité s’exprimer. Bah oui, c’est important de savoir si ton pote a dormi sur la béquille ou non. Parce que toi, c’est pas le cas, et tu lui as fait savoir. Directement, il parle de Louis et Cassie, et intérieurement, tu serres un peu la mâchoire sans montrer que ça peut t’faire chier d’imaginer ton pote et ton ex ensemble. Enfin, surtout ton pote et Cassie, quoi. Mais tu sors la carte de l’humour, histoire de rien laisser paraitre. « T’imagines un gosse Cassie/Louis ? Le truc partirait pas avec une longueur d’avance, stp ! » Tu ricanes, tu dis ça pour taquiner, tu l’penses pas vraiment. « Oh, tu sais, mon cul, ma bite, elle sait ce que c’est, c’est du déjà-vu pour elle. Oublies pas que t’as voulu y passer toi aussi. » Tu lui mets un petit coup de coude dans les côtes pour l’embêter, avec un grand sourire. Parce que t’aimes lui rappeler cette histoire, quand il a voulu foutre sa queue entre tes fesses, ou l’inverse, peu importe. Maintenant, parlons de sa soirée. Tu fronces un peu les sourcils. « Sage ? Genre Sage mon bonhomme ? Vas y, raconte, elle a un vagin alors ? » demandes-tu en te tournant vers lui, n’écoutant même plus le professeur qui ne s’arrêtait pas de parler. Après tout, Sage, tu la considères comme un de tes potes, donc bon. Et là, tes yeux se perdent dans le fond de la salle, et tu poses ton doigt sur les lèvres de West pour le faire taire. « Attends, gros, c’est qui le canon là-bas ? », demandes-tu en pointant du doigt la fameuse demoiselle, deux rangs devant vous, mais à l’autre bout de la pièce. « J’suis amoureux ! » Typique de Lael, ça.