ça te fais pas forcément chier d'être là, au starbuck's. c'est un peu ton lieu providentiel. toi, qui aimes par dessus tout le café. au moins ça a du goût, pas comme le thé où c'est que de la flotte avec un peu de feuilles infusées. du pipi de chat. ton café, tu l'aimes bien noir, bien corsé. au moins tu le sens passer et si tu as un coup de pompes, l'énergie revient bien vite. tu en a d'ailleurs commandé un second, accompagné d'un muffin tout chocolat car tu commences sérieusement à avoir l'estomac aux talons. ton petit déjeuner de six heures est déjà bien digéré. tu es là depuis huit heures et il est presque onze heures. n'ayant pas encore internet à l'appartement t'es bien obligé de squatter quelque part. surtout que les choses sérieuses ont commencé et tu as envie de boucler ce dossier de synthèse parlant d'une maladie encore incurable pour lundi après-midi. on est samedi matin. tu aurais préféré faire du surf avec nahele bien sûr mais il faut savoir d'abord travailler. la serveuse arrive à ta table et tu l'as remercie d'un sourire qui la fait alors rougir comme jamais. tu trouves ça mignon et la regardes s'en aller - elle qui joue malgré tout de son déhanché pour attirer ton attention. fausse gênée oui. tes yeux sur l'écran de ton ordinateur, tu te rends compte que tu arrives presque à la fin du supplice. tant mieux. pour la peine, tu te payes une pause bien méritée d'ailleurs. faisant d'abord craquer tes doigts, tu te laisses retomber le dos contre la banquette puis croques dans ton gâteau avec gourmandise. posant ton regard du côté de la grande fenêtre, tu regardes dehors, le monde se presser ou pas jusqu'à eux seuls savent.