Vendredi soir. Je pousse la porte du bar le plus proche de l'université et ce que je craignais me fait face immédiatement : il est bondé. En plus, il fait chaud, ça pue légèrement la trans. Heureusement que j'ai pas choisi d'aller en boîte, ça aurait été sardine party avec un fumet délicieux de cochon grillé. J'avance dans le café et me rends compte que je ne connais pas la plupart des gens présents ici. Logique étant donné que j'ai débarqué à Stanford il y a peine une ou deux semaines, je ne compte plus trop. Certains visages me sont cependant familiers, quoi que pas assez pour que je me tape l'incruste l'air de rien. Je réussis à me frayer un chemin jusqu'au bar et trouve une place assise par pur miracle. Le gérant du bar me fait face et me demande ce que je compte boire. « Une bière, blonde, » je me contente de répondre. Il s'éloigne et je m'accoude contre le bar avant de prendre ma tête entre mes mains. Je sens qu'elle ne va pas tarder à exploser, à force d'étudier le cerveau des autres c'est le mien qui va finir par se transformer en compote. Je passe rapidement une main dans mes boucles trop épaisses et pousse ensuite un léger soupir. Vendredi, enfin. Contrairement à la plupart des élèves de cette université, travailler me saoule royalement. Si je suis ici, c'est un peu par obligation, ma mère m'a sorti de force de ma vie de nomade. En même temps, je comprends qu'elle se soucie de mon avenirs, la dernière fois qu'on s'était vus j'avais plusieurs coups de couteau dans le ventre. J'ai bien aimé être SDF, me balader dans les villes des états-unis a été une expérience plutôt sympa. Le barman m'apporte ma bière et me sort immédiatement de mes pensées. Je le remercie et bois une gorgée de mon verre avec le plus grand plaisir. J'en avais bien besoin. Je me tourne vers la salle et là, à l'entrée du bar, je vois Louis débarquer comme une fleur. Un fin sourire étire mes lèvres et j'attends qu'il se rapproche avant de héler son prénom. « Hey beau gosse, » je rajoute ensuite sans perdre mon sourire. Sans le quitter des yeux, je bois une deuxième gorgée de ma bière puis la pose ensuite sur le bar. Même si ce type est étrange, la plupart du temps totalement ailleurs et qu'il a une tête de défoncé permanent, je l'apprécie énormément. On ne se connait depuis pas si longtemps et pourtant je le considère comme un de mes meilleurs potes. Je le regarde de manière perverse, comme un gros pédophile qui vient de repérer sa proie. Avec lui, je passe la plupart de mon temps à déconner. On est comme ça, deux vrais gosses immatures.

Je suis généralement pas trop branché bar bondés mais ce soir, j'ai vraiment ressenti le besoin de sortir me changer les idées. De plus, en grand flemmard que je suis - et surtout sans véhicule - il a bien sûr fallu que je me rende à l'endroit le plus proche. Comme tout le monde. Louis s'approche de moi et sa remarque m'amuse. Je lui fais un clin d'oeil. « Tu sais bien que t'as toujours été mon style, » je réponds d'une voix suave avant de finir par perdre mon sérieux. Il prend un wiskhy, direct, mais ça m'étonne pas de lui. Suite à sa réflexion, je fais tourner ma chaise pour jeter un coup d'oeil aux filles présentes dans la salle, le plus souvent en mini-jupes ou shorts. J'aime l'été, quelle belle saison. « J'ai déjà branché un mannequin. Tu la verrais, brésilienne, hyper sexy, elle est partie se refaire une beauté avant que j'en finisse avec elle. » Bien sûr, il n'y a aucun mannequin dans les toilettes qui attend que je lui fasse passer une nuit de folie. Dommage. J'ai jamais vraiment été le genre de mec à sortir avec dix filles l'une à la suite de l'autre, je préfère à la limite les mater et si elles viennent vers moi, tant mieux. Cependant, maintenant que mon pote est là avec moi, je sens que ce soir je ne vais pas me contenter de si peu. Je termine ma bière d'une traite puis me tourne vers Louis. « Si tu pouvais en ramener une dans ton lit, tu prendrais la quelle ? » Un nouveau sourire étire mes lèvres. Je pose mon verre vide sur le comptoir et appuie ensuite mon dos contre ce dernier, attendant avec une légère impatience sa réponse.