Journée à rien faire. T’as l’impression que tout le monde s’est passé le mot pour être occupé, et pour te laisser solo. Y en a pas un qui ne fait rien. Cassie et Alek passent la journée ensemble, et t’as clairement pas envie d’être au milieu d’eux deux et de tenir la chandelle. West et Louis sont injoignables, ta cousine est avec son frère, Owen récupère de sa soirée d’hier… Bref, t’es sur ton canapé, et tu t’fais chier. T’as déjà passé deux heures devant la Playstation, et maintenant, tu t’ennuies. En plus, y a rien à la télévision, comme d’hab, et ton lecteur dvd ne marche plus, à cause d’un verre de rhum que t’as renversé dessus pendant une soirée. Ton ordinateur ? Tu l’as oublié quelque part, et faudrait peut être que tu penses à le retrouver. Alors, tu décides de te lever, de rassembler toutes tes affaires de dessin, et de te trainer jusqu’aux bâtiments universitaires pour envahir une des salles de dessin. Ca te fera passer le temps, un peu. Et ça te fera bosser un peu, puisque pendant l’été, t’as pas fait grand chose.

Ta pochette sous la main, et tous tes outils entre les bras, tu parcours les couloirs des bâtiments pour rejoindre celui d’art. A cette période de l’année, les pièces doivent être vides, et tu seras au calme pour t’adonner tranquillement à ta passion, sans que personne ne te dérange. Pourtant très jovial et extraverti, avec ce besoin d’être entouré d’un tas de gens, t’aimes retrouver le silence quand tu sors tes crayons et tes pinceaux. Et alors que tu t’approches de la dite-pièce, tu captes que le silence ne règne pas ici. Non, au contraire, le bruit d’un piano retentit jusque dans le couloir, assez pour attiser ta curiosité et pour que tu suives le son de l’instrument. Tu pénètres dans une salle, en silence, et tu tombes sur la petite Maë, nouvelle connaissance, assise sur le banc en face du grand piano noir qui domine la pièce. Et tu la regardes jouer, et tu écoutes la mélodie créée par ses doigts qui se baladent sur les touches blanches et noires. Tu restes là pendant plusieurs minutes, sans broncher, mais dans ta maladresse légendaire, tu laisses échapper tous les crayons et les pinceaux que t’avais coincé entre tes bras. T’es gêné, tu rougis, même. « Merde, j’suis désolé, fais comme si j’étais pas là, c’est canon c’que tu fais. » Tu t’baisses, pour tout ramasser, et tu relèves les yeux vers elle. « J’te dérange pas, j’espère ? »

la musique, c'est toute ma vie. mes études, ma passion, mon enfance, mon père, ma vie. je suis née dans la musique, je vis dans la musique et je mourrai très probablement en écoutant un joli morceau du futur. mais aujourd'hui, je vis dans la musique du piano sur lequel je suis entrain de jouer. j'passe mes doigts d'une touche à l'autre, ça donne des sons différents. c'est des automatismes aujourd'hui, toutes les touches, j'les connais à la perfection et autant dire que faire une fausse note me ferait grandement du mal. surtout que j'le connais par cœur ce morceau, j'le répète depuis que j'ai 10 ans, je crois que c'est une de mes premières compositions, en partenariat avec papa. oui, parce que papa m'a beaucoup aidé, depuis toujours. c'est lui qui m'a poussé vers la guitare, le violon, le piano et la basse, il m'a aussi appris des bases de batterie (oui, parce que le rythme, c'est important tout de même). enfin bref, je joue et puis d'un coup, d'un seul, j'me fais perturber par Laël. j'le regarde, j'ai arrêté de joué dès que j'ai entendu un crayon tomber par terre, et puis il se confond en excuse, et ça m'fait sourire. surtout le petit compliment qui accompagne ses excuses en fait. « c'est gentil ! », je répond, avant que celui-ci ne se relève après avoir ramassé le bazar qu'il a mis par terre. s'il me dérange ? « oh non, t'inquiète pas, pas du tout ! j'allais pas rester beaucoup plus longtemps, en fait. et toi, tu viens faire quoi par ici ? du dessin, je présume, au vu de tout ton barda. », et sur ces mots, je me lève pour venir en face de lui et lui prend sa pochette pour la poser sur le piano. « j'peux regarder ? », je demande avant de faire quoi que ce soit, j'ai pas envie qu'il se sente gêné ou quoi que ce soit dans ce style. « tu devrais poser tout ça, on voit bien que t'es embourbé. »