Je n'aurais jamais prévu de me réveiller dans un lit inconnu... un autre. Enfin, c'était plus particulièrement auprès d'un garçon, c'était ce détail qui posait à priori problème. Celui-là même qui me tira de mes songes en criant à mes oreilles avant de se lever rapidement du lit tandis que je portais mon regard sur lui, laissant courir mes yeux sur ses courbes dénudées. Je détestais l'idée-même d'avoir pu... de seulement imaginer ce qui avait pu se passer cette nuit avec... Enfonçant mon visage dans l'oreiller pour pousser un grognement de frustration de ne parvenir à contrôler cette partie de moi qui ne me correspondait vraiment pas. J'étais un hétéro pur et dur, l'alcool n'avait sûrement pas aidé... Mais difficile d'accuser le jeune homme d'avoir abusé de la situation, quand il avait crié de... surprise ? au réveil. Levant finalement le nez des draps, j'observais vaguement ce qui m'entourait, sentant l'odeur du café qui flottait dans l'air. Il me faisait du café en plus ? Comment dire... j'étais nu dans un lit dans lequel j'avais dormi avec un homme. Aussi nu qu'un ver quand mon père était le député d'un parti conservateur et qu'il me renierait pour moins que ça, malgré tout le dégoût que j'éprouvais pour moi... cette part de moi-même.
Autant la première fois où cela s'était produit j'avais quitté les lieux comme si le diable me poursuivait, autant cette fois-ci, j'avais envie de disparaître dans ses draps qui portaient ce maudit parfum qui me semblait familier... Détail qui à vrai dire me dérangeait plus qu'autre chose. Alors que mon amant de cette nuit, le second à mon souvenir à m'avoir fait dévier du chemin que j'avais emprunté jusqu'à présent. Fidèle à des valeurs qui étaient devenues les miennes à force de les entendre répétées par mon paternel. Alors que mon amant de cette nuit donc... Y a du café frais dans la cuisine, si ça vous dit.... Bordel, il venait effectivement de me faire du café. Sa voix... son timbre... éveillait en moi des brumes de souvenirs dont je n'avais ni le début ni la fin, mais c'était sans doute bien mieux. D'autant que je n'avais pas vraiment envie de me souvenir... ni de m'éterniser ?
" Merci. "
La politesse maussade d'un mauvais matin me brûlait les lèvres, mais ça voulait bien dire ce que ça voulait dire : j'allais arriver dès que j'aurais remis la main sur mes vêtements, de préférence sans un type pour regarder. Mais cela ne m'avait jamais empêché de me changer dans le vestiaire des hommes avant un entraînement ou un match de baseball. Dardant finalement mon regard en direction du jeune homme, j'eus... et merde, je le connaissais en plus. Enfin disons surtout que je le connaissais parce que les entraînements avaient déjà commencés. Génial. Vraiment. Parmi tous les mecs de cette université, il avait fallu que je déconne avec un type de mon équipe. Et bien évidemment, impossible de chasser l'image de ses fesses de ma mémoire.
Sans attendre de savoir s'il comptait repartir ou pas, je quittais le lit défait pour passer mon boxer et mon pantalon, avant de le rejoindre dans la cuisine. Le café sentait bon et m'éclaircirait sans doute les idées, vu ma descente de la veille. Mais alors que je m'avançais vers la tasse aussi noire que mon humeur matinale vu la situation...
" Gordon... c'est ça ? "
Demandais-je en plissant vaguement le front, avançant ce nom sans conviction. Mais au pire, je m'étais trompé. Au mieux, j'avais vu juste, et il ne ferait pas le rapprochement entre le type dans son lit et son coéquipier sur le terrain.
" Cette nuit, il ne s'est rien passé. Compris ? "