il fait froid à l'intérieur de l'église, il fait toujours froid à l'intérieur des églises. mes talons claquent sur le sol de pierre et les gens se retournent pour regarder qui vient perturber leur moment de recueillement. j'imagine que le spectacle les laisse dubitatif : moi dans une église, c'est un peu comme si on retrouvait le pape dans une boîte échangiste gay, un jeune homme encore autour de sa sainteté. je m'assois à côté de seeley et le banc en bois craque. je sens son regard, je sens sa surprise et le petit sourire en coin. naess, tu es dans une église. je m'affale un peu plus sur le banc, le faisant craquer, et mes lunettes de soleil me tombent sur le nez. je vais toujours dans une église les lendemains de cuite. c'est silencieux, idéal pour réfléchir. les bibliothèques aussi c'est silencieux. j'expire un grand coup. j'aime l'ambiance dans les églises, c'est calme, propice à la méditation. dans les bibliothèques, j'entends les gens penser et c'est ... irritant. ici personne ne pense, tout le monde est trop occupé à s'en remettre à une force supérieure pour ses petits problèmes quotidien ; comme si elle allait répondre. seeley secoue la tête, le mouvement est imperceptible, mais je connais son langage corporel. cynique. lucide. si j'étais dieu : un être de pure énergie qui vit à chaque moment du temps et dans chaque parcelle d'un univers infini, faisant de moi un être infini et éternel, le sort de quelques milliards d'être humain à un instant t de la création ne m'empêcherait pas de dormir. je me relève, les discussions philosophico-théologique de bon matin, ça me réveille. un cynique vient dans une église pour clamer haut et fort que dieu n'existe pas, un lucide vient dans une église pour constater que dieu n'existe pas. les églises sont porteuses d'une vérité universelle, c'est pour ça que j'aime bien venir ici. seeley souffle, il n'expire pas, il manifeste son ennui. est-ce que tu me fais payer quelque chose ? j'enlève mes lunettes pour regarder seeley droit dans les yeux. tu m'avais promis de l'alcool et des femmes hier. pour les niveaux d'éthanol je me plains pas, mais pour les femmes, à part si on avait mis une robe à simon qui pour un homme de sa carrure a des traits excessivement fin, tu m'excuseras le jeu de mot, mais le niveau de femelles était pas au niveau. seeley regarde droit devant lui et secoue la tête. t'aurais pas pu me dire ça dehors ? dehors t'aurais pu fuir et tu cours beaucoup plus vite que moi. ici t'es bien obligé de m'écouter. une grenouille de bénitier quelconque se retourne pour me lancer un regard noir. oh c'est bon il est mort jésus, ça risque pas de le déranger. elle se signe comme dans une mauvaise parodie d'elle même et se retourne probablement pour prier pour mon âme. je te croyais plus tolérant. je te croyais chrétien orthodoxe. il est bien obligé de reconnaître que je marque un point. une église, c'est une église, c'est pas le lieu qui compte, c'est la foi. il me laisserait presque sans voix. seeley est l'archétype du sportif, il est pas idiot (bien que tout le monde ait l'air un peu idiot à mes yeux) et il fait même preuve d'une certaine sagesse et d'une certaine intelligence à sa façon, mais là il me surprend. il capte mon regard et m'interroge du sien. quoi ? .... je me suis mis à la philo, j'aime bien.